La Rue de l'Insomnie—Une présentation en six questions et réponses
La Rue de l’Insomnie dont nous annoncions en avril 2022 la parution prochaine est désormais disponible pour vous qui voudriez le lire ou l’écouter. Ici, l’auteur—Equiano d’ Sassa—vous le présente en six questions/réponses.
1. Comment est née l’idée de La Rue de l’Insomnie?
Le journalisme qui m’occupe depuis plus de vingt ans, et qui m’a fait voyager sur quatre continents, m’a exposé à toutes catégories de personnes : des chefs et des serviles, des femmes et des hommes, des riches et pauvres, des noirs et blancs, des croyants et des athées, des victimes et des bourreaux, etc.
En autant d’années de rencontres et de mise en questionnement de ce qu’il m’a été donné d’observer, mon métier m’a permis d’établir un constat qui est plus philosophique qu’éditorial : L’humain—au regard des tragédies qu’il s’inflige au quotidien et qui endeuillent les journaux parlés—se perd dans une espèce d’éternelle imposture.
L’humain est dans l’imposture quand il professe son attachement à l’amour, à la justice, à la vertu, au caractère sacré de la vie. Ses motivations humanistes sont presque toujours souillées du mal sectaire, du mal si multiforme du tribalisme. Conséquence, son existence est un impitoyable champ de bataille. Qui en voudrait la preuve pourrait allumer sa radio ou télé.
En poussant la réflexion sur cette curieuse nature de nos communes impostures, j’ai éprouvé le besoin de me clarifier les choses d’une façon méthodique. Le résultat, c’est La Rue de l’Insomnie.
2. Quel est le message central du livre?
Le livre—en 18 essais autonomes—est une incitation à se libérer des geôles du dogme, s’affranchir des prisons identitaires, ne chérir dans la sphère publique que ce qui est ancré dans le fait objectif, tolérer nos différences ; sans quoi, toute rhétorique de paix et prospérité universelle n’est que vent, et le bonheur élusif si cher à tous ne restera que chimère. Oui, le tribalisme, le dogmatisme, le rejet de l’autre sont des attentats à l’ordre divin—l’ordre cosmique, si vous voulez.
3. Que comprendre du titre de l’ouvrage?
La Rue de l’Insomnie? Ah ! C’est vrai que les folies du siècle peuvent dérober à l’homme son sommeil, mais tel n’est pas l’allusion : L’ouvrage a été enfanté dans la profondeur des nuits et dans les lueurs orange des petits matins.
Prenant des pauses régulières pour m’étirer les jambes, j’observais ma rue de ma fenêtre et méditais sur son aspect calme en ces heures–là ; un calme contrastant avec l’activité bruyante qui l’envahit dès que Londres se met progressivement debout pour la nouvelle journée.
C’est ce spectacle nocturne qui a inspiré le titre—La Rue de l’Insomnie qui est sans doute une recomposition inconsciente de quelque chose que j’aurais déjà rencontré dans mes lectures ou entendu dans un dialogue de film, puisque toute idée ou formule bien articulée que j’accepte, je m’en approprie.
4. Pourquoi écrire sous un pseudonyme?
Des grands qui ont pu toucher mon coeur à travers leurs oeuvres, je n’adopte pas que les idées ; j’en emprunte aussi les traditions pratiques. Dans ce cas-ci, je songe à Orwell, dont le vrai nom est Eric Blair ; je songe aussi à Voltaire dont on sait qu’il s’appelait François-Marie Arouet.
Je me dois de relever que Camus et Emerson qui sont mes maître-à-penser—et dont la synthèse des oeuvres (en dehors des Saintes Écritures) fournit les éléments de langage pour ma morale—, n’ont pas pratiqué la tradition du pseudonyme. Mais c’est Orwell qui l’a emporté sur le cas d’école de ces deux-là, pour une raison banale :
Orwell et moi, nous avons en commun d’avoir tous arpenté les corridors de la BBC pour assouvir notre passion du journalisme, jusqu’à ce que le cadre de la BBC montre ses limites, notamment avec ses lourdes bureaucraties internes qui peuvent être de vraies entraves pour les âmes trop libres.
Aussi, mes années à la BBC ont attaché une identité de neutralité à mon nom. Une réincarnation professionnelle—sous la même signature mais sans la même neutralité—aurait le potentiel de choquer ceux qui, via les ondes, m’avaient adopté comme membre de leurs familles, justement en raison de cette distance que la neutralité intercalait entre mon regard et le monde que je leur décrivais.
Or écrire, c’est supprimer la distance—c’est faire preuve d’une voix distincte et d’une grande clarté ; une voix émancipée du demi-mot et de la demi-phrase. Comme compromis alors, j’ai cédé à la séduction du pseudonyme et j’ai choisi Equiano d’ Sassa, qui recèle un double hommage :
D’abord, hommage à mon village, Sassa, dans le Passoré au Burkina Faso—l’univers de mes premiers souvenirs du monde. Ensuite, il s’agit d’un clin d’œil, à travers l’histoire, à l’un des premiers diplomates noirs à s’être jamais illustré au Royaume-Uni. Et Olaudah Equiano est le nom de ce diplomate-là.
Esclave affranchi qui avait été trafiqué du Nigeria, Equiano fut écrivain abolitionniste et bras-droit de William Wilberforce et ses camarades, cette bande de libéraux en avance sur leur temps qui exercèrent une pression soutenue sur le Parlement Britannique, le contraignant à faire du Royaume Uni la première nation esclavagiste à abolir la Traite des Noirs en 1833.
5. Où acheter un exemplaire et comment écouter la version audio?
Le livre (édité au Royaume-Unis par Haikonic Books avec dépôt légal à la British Library) est disponible dans le monde entier sur les plateformes d’Amazon et en tous formats—broché, relié, digital, Audio. Les formats audio et digital peuvent également être téléchargés sur Apple Books.
Accessoirement, j’étudie l’opportunité d’effectuer des dépôts de vente dans un certain nombre de librairies sur le Continent, notamment à Abidjan, Ouagadougou, Dakar, Conakry, Bamako, Yaoundé. Mais en attendant, l’on passera les commandes en ligne.
6. Comment vous contacter?
C’est toujours pratique via Facebook, LinkedIn ou Twitter. Ce sont des canaux via lesquels, l’on peut communiquer sans se soucier d’ordre du jour ou de décalage horaire. Mes correspondants éventuels veilleraient à me laisser un numéro pour que je les contacte si un coup de fil s’impose.